Louis Pasteur et le hasard. « Savez-vous à quelle époque il vit le jour pour
la première fois, ce télégraphe électrique,
l’une des plus merveilleuses applications des sciences modernes ? C’était
dans cette mémorable année 1822, Oersted, physicien danois,
tenait en mais un fil de cuivre réuni par ses extrémités
aux deux pôles d’une pile de Volta. Sur sa table se trouvait
une aiguille aimantée, placée sur son pivot, et il vit tout
à coup (par hasard, direz-vous peut-être, mais souvenez-vous
que, dans les champs de l’observation, le hasard ne favorise que les
esprits préparés), il vit tout à coup l’aiguille
se mouvoir et prendre une position très différente de celle
que lui assigne le magnétisme terrestre. Un fil traversé
par un courant électrique fait dévier de sa position une
aiguille aimantée. Voilà, Messieurs, la naissance du
télégraphe actuel. Combien plus, à cette époque,
en voyant une aiguille se mouvoir, l’interlocuteur de Franklin n’eût-il
pas dit : « Mais à quoi cela sert-il ? » Et cependant
la découverte n’avait que vingt ans d’existence quand elle donna
cette application, presque surnaturelle dans ses effets, du télégraphe
électrique. »
Extrait d’une conférence donnée en septembre 1851 par
Louis Pasteur lorsqu’il fut nommé professeur et doyen de la nouvelle
Faculté des sciences de Lille.
Renée Vallery-Radot, La vie de Pasteur, (Paris : Hachette, 1927) 88.
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