Armenicum Information Page

Arménicum : espoirs à Erévan, indifférence dans le monde

Dans un entretien accordé à l'agence de presse arménienne Noyan Tapan, Lev Zohrabian, directeur du Centre républicain pour le contrôle et la prévention du Sida, déclarait que le jeune Russe malade du Sida, Nikolaï Kolesnikov, suivant depuis deux semaines à Erévan le traitement que des chercheurs arméniens affirment avoir découvert, se "porterait beaucoup mieux". Même si l'on affirme à Erévan qu'il est établi conformément aux normes internationalement admises pour évaluer la présence du virus HIV dans le sang, ce diagnostic doit être interprété avec une très grande prudence, d'autant que l'on ne dispose que de données très imprécises sur l'état du malade avant son arrivée en Arménie, comme d'ailleurs plus généralement sur ce remède-miracle baptisé arménicum. Les milieux spécialisés et la communauté scientifique internationale ne semblent pour l'heure pas avoir jugé utile de s'intéresser à la découverte des chercheurs arméniens, dont l'enthousiasme ne s'est pas communiqué au-delà des frontières de l'ex-URSS. Ce black-out de l'information, qui doit sans doute beaucoup à la façon pour le moins précipitée et inhabituelle dont la nouvelle a été communiqué par les autorités d'Erévan, le mois dernier, ne semble pas déconcerter la partie arménienne, même si elle se montre moins "triomphaliste" que ne le fut le ministre de l'intérieur arménien quand il révéla la découverte le mois dernier. M.Zohrabian précise ainsi que l'état de la trentaine de patients sous arménicum, tous Arméniens à l'exception de Kolesnikov, était satisfaisant, conformément aux normes internationalement reconnues. "On peut affirmer d'ores et déjà que l'arménicum améliore de manière radicale la qualité de vie des malades du Sida" poursuit M.Zohrabian, en comparant le traitement arménien à la trithérapie, combinaison de molécules qui a prouvé son efficacité et qui constitue le meilleur traitement existant à ce jour. Les effets secondaires et la dépendance induits par la trithérapie seraient épargnés aux patients soignés à l'"arménicum" selon M.Zohrabian, qui affirme que le traitement arménien est limité dans la durée. Mais la poursuite des tests cliniques devrait permettre de déterminer la durée d'efficacité du traitement et l'éventualité d'une rémission. A ce jour, le seul indice encourageant signalé par les Arméniens fait état de la disparition du virus dans le sang des personnes traitées à l'arménicum.

Au su de ces quelques données, il était en tout état de cause sans doute prématuré de la part du ministre arménien de la santé de lancer un appel dernièrement aux malades du Sida à travers le monde pour qu'ils viennent se faire soigner en Arménie. Outre les espoirs, faux peut-être, qu'un tel appel peut susciter, et dont l'ambassade arménienne d'Ukraine aurait d'ores et déjà mesuré l'ampleur, des obstacles techniques mais aussi juridiques s'opposent à un tel appel. La législation arménienne devrait en tout cas s'y conformer, puisqu'elle prévoit, comme en Russie, l'expulsion des résidants étrangers malades du Sida...